L’aristocratie Française a été l’objet de nombreuses informations erronées à travers l’histoire. Il est dit souvent que cette partie de la France était uniquement là pour gouverner selon les pouvoirs qui leurs étaient accordés par le Roi. Cependant, ce n’est pas aussi simple. Ils ont certes des droits mais aussi de lourdes obligations. Dans cet article, je retrace les faits tels qu’ils étaient.
Préambule : Le Droit Divin
On rencontre plusieurs définitions de l’Aristocratie tournant autour d’une élite cooptée dans le but d’exercer le pouvoir ! Certes, mais pour comprendre la différence entre la vraie Aristocratie et une simple oligarchie, il faut garder à l’esprit la différence entre le sacré et le profane. À la base la Monarchie est de droit divin. Dieu donne au Roi le pouvoir de souveraineté sur un peuple dans un territoire donné. Par exemple, le Roi de France et le Roi d'Espagne sont tous deux de droit divin. Le Roi de France va déléguer une partie de ce pouvoir divin à l’Aristocratie. Celle-ci, ou plutôt ceux-ci, vont donc recevoir une parcelle de ce pouvoir associée à des privilèges et devra le payer de son sang, c’est le prix du sang ! Comme chaque fois que le Roi en décidera, les Aristocrates (longtemps ils seront les seuls à le faire) devront se battre pour secourir la Patrie ! Y compris jusqu’au sacrifice de leur vie !
Pour revenir aux définitions autres qui assimilent n’importe quelle élite cooptée en Aristocratie, on imagine mal les oligarques, les bourgeois, ou bien nos fameux énarques, risquer leur vie jusqu’au sacrifice ultime pour la Patrie.
Parmi les héros d’Officiers Perdus, on trouve deux familles d’aristocrates :
- les Rochecroix, prestigieuse famille de l'aristocratie française ;
- les Etchegaray d’Apalats, basques de noblesse navarraise, devenue française grâce à Henri IV Roi de Navarre qui devient Roi de France en 1589 fondant la dynastie des Bourbons !
L’aristocratie Française mise en scène dans le roman historique “Officiers Perdus”
Chapitre I Page 6
À l’État-Major, Peyo Etchegaray eut le plaisir d’être reçu par son camarade de promotion de Saint-Cyr et de Saumur : Jean de Roche Croix. Parmi tous ses camarades de promotion Jean était sans conteste le plus élégant. Déjà son uniforme était tellement bien coupé que certains plaisantaient en affirmant qu’il l’avait fait tailler chez Dior ! mais il y avait aussi cette paire de gants beurre frais qu’il tenait à la main sans pourtant les mettre et aussi cette montre gousset qu’il avait toujours dans sa poche intérieure. Enfin il marchait à la façon d’un danseur.
La famille Roche Croix comptait parmi la plus haute aristocratie française, le père de Jean était Duc, elle avait donné à la France une kyrielle de généraux, plusieurs maréchaux du Roi et de l’Empire, phénomène très rare dans l’aristocratie, ainsi qu’autant de cardinaux à l’Église. Roche Croix disait que c’était la France que sa famille avait toujours défendue, peu importait le pouvoir politique. Après la Monarchie, il y avait eu l’Empire et maintenant la République. Les Roche Croix continuaient à défendre la France.
Un peu snob quand même, Roche Croix ne concevait l’armée que dans la cavalerie qu’il avait choisie, comme toute sa famille avant lui, après Saint-Cyr. C’est d’ailleurs à Saumur que Peyo et lui avaient noué de solides liens d’amitié forgés aux coups de chanvrière sur les cuisses, que les écuyers du Cadre noir, dans leur manège de Saumur, ne manquaient pas de leur donner afin d’améliorer leur assiette à cheval.
Un jour après un parcours de saut d’obstacles, en prenant un verre au mess des officiers, Jean de Roche Croix avait affirmé à Peyo qu’il avait demandé à une de ses tantes, généalogiste et fort érudite, d’effectuer une recherche sur leurs deux familles. Et sans plaisanter le moins du monde il lui avait annoncé le résultat : la tante érudite avait trouvé deux contacts entre les deux familles.
Jehan de Roche Croix en juin 1249 au cours de la septième croisade, organisée par le Roi de France Louis IX ou Saint Louis, avait eu pour frère d’armes lors de la prise de Damiette un chevalier espagnol Phares Etchegaray d’Apalats.
Louis de Roche Croix en juin 1815 à Waterloo avait rencontré un Raymond Etchegaray d’Apalats, français cette fois, qui combattait au 3-ème Hussard alors que lui était au 2éme Hussard. Les deux régiments de Hussards s’étaient cassés sur l’armée de Wellington.
— Entre la septième croisade et Waterloo, il semble bien que quand nos familles se rencontrent, cela ne porte guère bonheur à la France ! Jamais deux sans trois ?
— À la septième croisade, avant la défaite, uniquement due à la peste, et la capture de Saint Louis on avait quand même pris Damiette, et puis, à Waterloo le sacrifice des Hussards de la garde permit à l’Empereur de fuir sans être capturé, ce n’est pas si mal Peyo !
Tel était donc le lieutenant de Roche Croix, archétype de l’officier de cavalerie, membre de l’État-Major du Général Navarre, commandant en chef en Indochine, que Peyo s’apprêtait maintenant à rencontrer.
Officiers Perdus Chapitre III Page 39
— Dans ce cas, regroupez-vous avec les blessés et faites le mort, ne bougez plus.
Peyo transmit l’ordre puis dit au colonel:
— Moi il me reste une dernière chose à faire.
— Laquelle?
— Blanchir notre honneur, Mon Colonel, y en a marre de se faire baiser par tous ces pédés rouges, parce que Paris nous a abandonnés, je vais leur montrer moi ce qu’est un basque, officier de cavalerie, parachutiste.
— Foutaises Peyo, un soldat mort est un soldat con, ne fais pas ça c’est un ordre !
— Non, Mon Colonel, mieux vaut mourir debout que vivre couché ! Dites à Marianne que je suis mort pour elle et que grâce au petit Pampi qu’elle vient de me donner, je me sens un peu immortel.
Peyo se tourna vers Phuoc et lui dit :
— Phuoc, mon sabre s’il te plaît.
Phuoc partit chercher le sabre de cavalerie du Lieutenant Etchegaray que celui-ci avait emmené, en contrebande, coutume traditionnelle basque, à Diên Biên Phu lié à une mitrailleuse. La légende disait que ce sabre avait été remis à Raymond, un ancêtre de Peyo, par l’Empereur lui-même lors de la bataille d’Austerlitz, celui-ci étant mort avec ce même sabre au poing alors qu’il servait dans son régiment de Hussards, à cheval, à Waterloo. Peyo se disait, que légende ou pas légende, ce sabre allait lui servir ici à Diên Biên Phu. Il vit revenir Phuoc avec deux sabres, le sien et un katana, sabre de samouraï japonais.
— Je viens avec vous, mon Lieutenant.
Cela donna une idée à Peyo.
— Phuoc, tu sais que selon le règlement militaire tout officier, commandant seul au feu a le pouvoir de promouvoir un de ses combattants jusqu’au grade immédiatement inférieur au sien. À genoux, Phuoc !
Phuoc se mit à genoux.
— Adjudant Phuoc, moi Lieutenant Peyo Etchegaray d’Apalats, commandant seul au feu sur Marianne I, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je te nomme sous-lieutenant de l’armée française.
Il étendit alors son sabre de cavalerie et toucha Phuoc trois fois, sur chaque épaule et sur le sommet de la tête. Il ne savait pas s’il l’avait fait dans l’ordre, mais se dit qu’on lui pardonnerait sûrement une erreur de style.
— Debout, mon Lieutenant !
Les yeux de Phuoc brillaient, les deux hommes s’étreignirent. Phuoc fit remarquer que pour le dernier assaut, les samouraïs n’emmenaient pas les fourreaux, puisqu’ils devenaient inutiles. Ils les laissèrent donc. Puis ils guettèrent la dernière charge des bo-doi sur Marianne I. Il y avait effectivement trois compagnies, environ quatre cents hommes et Marianne I allait être submergée. Peyo et Phuoc attendirent jusqu’à l’ultime instant où les premiers soldats arrivaient à moins de dix mètres. Alors, ils jaillirent tous deux au même instant et chargèrent, sabre au clair. Une pulsion irrésistible, venue du fond de ses entrailles, fit hurler à Peyo : à l’attaque ! Il eut la satisfaction d’embrocher le premier qui passait, en voyant Phuoc posément trancher la tête d’un autre d’un coup de son sabre, bien à revers.
Peyo était toujours debout au milieu de la stupeur qui gagnait les bo-doi rechargeant un deuxième, le sabre tout haut. Il eut le temps de l’abattre sur le travers de l’épaule, en hurlant à nouveau : à l’attaque ! Il prit alors une rafale de balles en plein poitrail et se dit que c’était la fin. Il sentit du sang dans sa bouche, retira son sabre et voulut rester debout. Tout tournait maintenant dans sa tête, il revoyait son enfance à Marrakech, la libération de la France et toutes les femmes qu’il avait aimées, Marianne, ses deux petites filles et son regret fut de ne pas avoir connu Pampi. Phuoc le vit tomber en avant le sabre toujours levé vers le ciel comme s’il était porté, maintenant par une autre force. Il voulut venger son chef et tuer celui qui avait tiré, il n’en eut pas le temps, fauché par une rafale de mitraillette qui démarrant en diagonale de son poumon gauche lui fit éclater la tête.
Marianne I était tombée et les bo-doi avaient vu ce qu’étaient deux officiers parachutistes.
L’atmosphère était lourde dans le poste de commandement et Mendiburu ne cachait même pas ses larmes. Il avait quasiment tout entendu jusqu’au « À l’attaque ! », la radio étant restée allumée.
Il avait eu beau ordonner à Etchegaray de se rendre, il savait au fond de lui-même que, à sa place, il aurait probablement fait la même chose…
Il se disait aussi que s’il en avait eu plus, des hommes de la trempe d’Etchegaray, il aurait pu gagner cette merde de guerre d’Indochine et, ce, malgré les vieilles badernes de généraux qui les commandaient tous encore.
Sur Marianne II, quelqu’un d’autre avait suivi la scène, d’abord sur la radio en se branchant sur la fréquence de Marianne I puis aux jumelles où il avait vu, de ses propres yeux, Peyo et Phuoc charger sabre au clair trois compagnies de Viets armées d’armes automatiques, il avait alors espéré l’impossible, voir les Viets reculer, puis l’inévitable s’était produit il avait vu son camarade de promotion de Saint-Cyr et de Saumur tomber avec comme frère d’armes, dans cet ultime assaut, un de ces Viets que lui le Comte de Roche Croix, lieutenant de l’armée française, avait appris à aimer tant. À lui seul, se dit Roche Croix, Peyo a sauvé l’honneur de la Cavalerie… Quel beau geste et moi qui ne pouvais rien faire. Qu’est-ce qu’il a pu bien leur hurler à la fin : Montjoie, Saint-Denis ? En aurais-je eu, moi, le courage ? Il eut besoin d’en parler et de toute façon il lui fallait faire son rapport au Colonel Mendiburu.
L'aristocratie Française possède donc des privilèges mais doit payer un lourd tribu : Le prix du sang. On le voit d'ailleurs à travers l'extrait de mon roman historique Officiers Perdus. C'est pourquoi j'ai tenu à rétablir la vérité dans son intégralité.
Kommentare