En 1982, j’ai fait partie d’une délégation de parachutistes français partie en Israël passer le brevet parachutiste militaire de Tsahal, l’armée Israélienne.
Tsahal est un acronyme hébreu qui veut dire armée des humains d’Israël, insigne au-dessus.
Brevet Para Israélien
Il est important de connaître l’image de Tsahal, l’armée israélienne, auprès des militaires français.
Pas moins de quatre guerres majeures, la guerre d’indépendance en 1948-1949, la guerre éclair du Sinaï en 1956, la guerre des six jours en 1967 et celle du Kippour en 1973, avait opposé Israël à la totalité des pays arabes, où il luttait au moins à un contre dix et pour sa survie même, puisque l’objectif annoncé des pays arabes était de détruire Israël, dont ils niaient l’existence, et rejeter les israéliens à la mer.
Et dans ces quatre guerres, contre un adversaire d’une écrasante supériorité numérique, à chaque fois Israël avait pourtant gagné. Archétype du combat de David contre Goliath, certes ils avaient un allié puissant les USA, quand leurs adversaires avaient l’URSS, puissant également. Alors pourquoi ces quatre victoires ? Dans les milieux militaires, quel que soit le pays, il y avait consensus sur la réponse : Si en matière d’armée, les arabes avaient la quantité, les israéliens avaient eux, la qualité !
Quelle qualité ? La qualité de leurs stratèges, leurs généraux, la qualité de leurs tacticiens, leurs officiers, la qualité sur le terrain de leurs sous-officiers et de leurs soldats, et bien ces qualités-là ils les avaient toutes, car pour gagner à un contre dix, il fallait les avoir !
Confidence d’un colonel para israélien Shlomo Benayoun :
La qualité du soldat ! Un soldat qui défend sa patrie, les siens, sera toujours meilleur que celui qui cherche à gagner celle d’un autre ! On dit qu’en Israël nous avons le syndrome de l’assiégé, c’est hélas vrai, et c’est cela qui nous rend meilleurs ! Et je suis sûr que dans votre cas vous avez plus à cœur de défendre Paris que les russes à la conquérir !
Alors que peut-on voir comme différences entre l’armée française et Tsahal en 1982 :
Deux armées de conscription, un an pour les garçons en France, trois ans pour les garçons et deux pour les filles en Israël.
100% d’une génération faisait son service militaire en Israël, impossible d’y échapper sous peine d’être un paria, refuser de faire son devoir équivalant à ne pas trouver d’emploi ! En France à cette époque peut-être à peine 20% des garçons faisaient leur service militaire !
La discipline ! Si en France, la discipline est censée être de rigueur en permanence soit 24h/24h, en Israël, on considère qu’elle n’est nécessaire que lorsque les soldats travaillent ! Comprenez les entrainements et les exercices, les manœuvres et bien sûr la guerre et cela s’arrête là ! Pas nécessaire de saluer un officier si vous le croisez dans la cour en vous promenant par exemple ! Pas nécessaire de porter un uniforme règlementaire dans le même cas et il est d’ailleurs fréquent quand on voit un groupe de soldats de constater que pas deux soldats ne portent le même uniforme ! Mais ne vous y trompez pas cette désinvolture n’est qu’apparente et disparait dès qu’il y a le moindre exercice !
Cela m’amène à vous raconter une histoire de largage en Israël et rappelons un principe essentiel :
En passant par la portière Parachutiste souviens-toi, oui souviens-toi Qu'un jour il pourrait se faire Malgré toi, oui, malgré toi, la, la, la
Qu'après une chute libre Tu auras cessé de vivre, la, la, la Entorché dans l'atmosphère Tu tomberas comme une pierre !
« Quand un Para sort de l’avion, il se jette vers la Mort. Puis la parachute l’arrache à la Mort. A chaque fois il réitère sa promesse de risquer tout pour secourir la Patrie ! Y compris jusqu’au sacrifice de sa vie ! C’est cela qui fait des Paras des Soldats Uniques ! Qu’ils soient de Terre, de l’Air ou de Mer ! »
C’est à cause de cela qu’existe le concept d’officier largueur. D’une façon générale deux officiers largueurs dans un avion qui vérifient les équipements, parachute, harnais, courroie des paras ainsi que le bon déroulement du largage et leur rôle est bien sûr essentiel ! D’une façon générale il s’agit de deux sous-officiers paras très expérimentés. Ils ont la même tenue que les autres, sont sécurisé par un câble ou un parachute à ouverture commandée.
En Israël comme ils ne sautent pas les deux largueurs apparemment, en tous cas ce jour-là pouvaient s’habiller comme ils voulaient.
Rachel en uniforme Rachel en bikini
Ce jour là Rachel avait décidé de nous larguer alors qu’elle n’était vêtue que d’un bikini, et j’avoue que je n’ai jamais prêté autant attention à mon largueur mais je n’ai pas, pour autant raté la portière ! Bien que je serais volontiers resté !
Confidences du Colonel Shlomo Benayoun héros du T3 ‘Officers Perdus qui sortira en Septembre en deux parties !
Chers amis bonsoir, c’est un grand plaisir et un grand honneur pour moi d’être ici ce soir, et une grande émotion car, voyez-vous, je suis français autant qu’israélien. Philippe, votre colonel, m’a demandé de vous parler de mon histoire et un peu de celle de Tsahal, l’armée d’Israël. Il y a quarante-cinq ans, je suis né en 1936 à Constantine en Algérie française. En 1956, à vingt ans j’ai fait mon service militaire dans l’armée française d’abord l’école d’officiers de Cherchell, puis le 1er Régiment de Chasseurs Parachutiste. Comme vous le savez surement dans les paras, le 1er RCP, il y a ceux qui en sont et il y a ceux qui rêveraient d’en être ! En 1961 il y a eu le Putsch d’Alger et vous devinez clairement de quel côté j’étais, car tous les pieds noirs étaient bien plus OAS que FLN ! Notre famille étant obligée de quitter l’Algérie, où nous avions toujours vécu, la moitié a choisi la France et la moitié Israël ! Vous savez la France était beaucoup plus attrayante qu’Israël mais juif, je me suis dit que c’était un devoir de rejoindre l’état hébreu, et que déjà chassé d’Algérie, si on pouvait un jour me chasser de France, un juif ne serait pas chassé d’Israël ! J’avais oublié que tous les arabes voulaient et veulent encore chasser tous les juifs d’Israël ! Moi j’ai choisi Israël mais mon frère Maurice a choisi la France et aujourd’hui j’ai également le plaisir de retrouver mon neveu David qui a l’honneur de servir dans votre glorieux régiment dans le peloton du Lieutenant Pampi Etchegaray, où vous le connaissez sûrement sous le nom de Johnny Benayoun !
Le colonel s‘était arrêté avec un clin d’œil et un grand sourire !
Arrivé en 1962 en Israël j’ai rejoint Tsahal qui m’a offert de me prendre à mon grade français de lieutenant et dans les paras bien sûr ! D’ailleurs dès 1948, les paras israéliens ont été formés beaucoup par les français, une chose dont vous devriez être fiers ! En Israël, la paix, pour le moment, ne dure jamais longtemps et très vite en1967, il y a eu la guerre des six jours. C’était une guerre préventive d’inspiration napoléonienne ! En effet l’armée égyptienne préparait l’invasion de notre pays au sud avec d’énormes manœuvres dans le désert du Sinaï et en bloquant le détroit de Tiran, ce qui nous bloquait l‘accès à la mer rouge, tandis que l‘armée syrienne préparait elle, l’invasion par le Nord depuis le plateau du Golan. Israël a donc décidé de passer à l’attaque avant que ses ennemis ne soient fin prêts et les a pris par surprise, nos avions détruisant la quasi-totalité des leurs au sol ! Maîtres du ciel, nous avons pu conquérir tout le Sinaï au sud ainsi que l‘essentiel plateau du Golan au nord ! Moi, j ’étais dans la 202ème Brigade Parachutiste et on nous a largué sur la rive ouest du canal de Suez pour désorganiser l’armée égyptienne à son arrière, coupant les lignes de transmission et de ravitaillement. Cette guère aura duré six jours ! En six jours, nous avons atteint tous nos objectifs militaires et triplé notre surface mais le prix politique a été très lourd. L’Europe n’a pas pardonné les guerres préventives, pourtant légitimes, de Napoléon, le Moyen Orient n’a pas non plus pardonné Israël ! Nous avons humilié l‘Egypte et la Syrie et tout le monde arabe et bien sûr ce n‘est jamais bon d’humilier un ennemi qu’il faut au contraire respecter !
L’assistance restait coite en admiration devant cet homme qui parlait d’un parachutage derrière les lignes ennemies comme d’une chose parfaitement naturelle, oubliant de mentionner que cet ennemi était dix fois supérieur en nombre, le colonel Benayoun avait provoqué un immense respect sans même le vouloir. Il continuait :
Pendant six ans ils n’auront qu’une idée en tête, préparer leur revanche qui est, vous le savez, un plat qui se mange froid. Pour cela, ils feront des progrès considérables : d’abord, dans les services de renseignement, ils arriveront plusieurs fois à nous faire croire à une attaque imminente qui ne venait pas, ce qui nous a coûté une fortune et tellement d’énergie. Ensuite ils ont inauguré une nouvelle forme de guerre, celle des missiles ! et dans deux domaines : l’anti-aérien et l’anti-char. Six ans d’efforts et la guerre du Kippour, le 6 octobre 1973 jour du Yom Kippour, le jour le plus sacré des juifs, le jour du grand pardon ! Ils nous ont pris par surprise, après toutes ces fausses alertes, on ne s’y attendait plus. Et ils purent avancer à l’abri de leurs batteries de missiles anti aérien et briser nos contre-attaques avec des missiles anti-char. Pendant huit jours ils nous ont bousculés, neutralisés, anesthésiés, et nous aurions pu perdre. Mais le 14 octobre, ils ont fait l‘erreur de sortir leurs chars hors de leur parapluie de missiles anti-aérien et Israël a pris la décision de le détruire et, à nouveau, nous avons été parachutés sur la rive ouest du canal de Suez, avec pour mission de détruire les batteries de missile. Cela a été le tournant de la guerre, les paras, une tête de pont qui a ouvert le passage à la division blindée d’Ariel Sharon qui après avoir fini de détruire les missiles a pu encercler la troisième armée égyptienne ce qui a conduit à la fin de la guerre mais on a eu chaud !
Encore un parachutage derrière les lignes ennemies qui déclenchait une victoire qui paraissait indécise, avec Shlomo Benayoun cela paraissait si simple presque facile ! Mais il s’était arrêté de parler et un silence respectueux s’étant instauré.
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