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Photo du rédacteurRachel Caron

Carentan 10 juin 1944 : La fillette et le Bagpiper

Miracle ou Devoir de Désobéissance ?

OFFICIERS PERDUS T2 Rebond en Patagonie

Chapitres VI & XVII




Le lieu : Carentan en Normandie


Lors du Débarquement en Normandie du 6 juin 1944, Carentan avait une importance stratégique double :


  • Carrefour des routes vers Cherbourg, le port en eaux profondes au Nord, et Caen voire Paris, Rennes et Coutances au Sud.

  • Lieu de jonction des routes menant l’une à Omaha Beach, l’autre vers Utah Beach.



Préambule (rappel)


Toute opération parachutiste d’envergure comme tout débarquement d’une façon générale a un seul objectif : Constituer ou prendre une tête de pont et la tenir jusqu’à l’acheminement des renforts et empêcher l’ennemi d’en amener !


Dans le cas du débarquement de Normandie, un objectif était prioritaire : s’emparer de Cherbourg, seul port en eaux profondes capable d’accueillir les bateaux acheminant les matériels lourds, principalement chars et canons. Cherbourg était à 40 kms au Nord-Ouest des plages du débarquement, bien défendue par des divisons allemandes de Panzers. Il fallait donc amener au moins une division de blindés pour conquérir Cherbourg.


Les Protagonistes





Donc du côté allié, la division d’élite des aigles hurlants, les parachutistes de la 101ème Airborne et du côté allemand, les parachutistes d’élite, eux aussi, du 6ème Fallschirmjäger renfort d’un jour de la 17ème SS Panzer Grenadier, pas des enfants de cœur non plus !


Les combats

Commencés par l’artillerie le 6 juin, ils se déchainèrent pendant 4 jours du 8 au 12 juin. Ils inclurent des combats au corps à corps (bataille des haies) et même une charge des paras US pour déloger les paras allemands à la baïonnette, au carré de choux ! On sait que la 101ème Airborne a perdu 3 600 hommes sur les 7 000 qui étaient engagés donc plus de 50% de pertes ! Il est à peu près certain que les pertes allemandes sont au moins égales donc plus de 7 000 morts dans ce petit village de Normandie ! La 101ème Airborne dut être reconstituée d’abord pour Arnhem et ensuite pour la bataille des Ardennes !


Le Débarquement et OFFICIERS PERDUS T2 Rebond en Patagonie

Il est décrit dans trois chapitres IV, V & VI puis on y revient dans le chapitre XVII Waffenbrüder quand Peyo Etchegaray qui était dans 101ème Airborne à Carentan rencontre Kurt Klaus qui était au 6ème Fallschirmjäger à Carentan lui aussi !


On raconte au cours du Tome 2, une terrible histoire celle d’une fillette qui paraissant condamnée à mort, a été sauvée par un Bagpiper, ou joueur de cornemuse et il faut préciser deux points essentiels :

  • Cette histoire est vraie ! TF1 a d’ailleurs organisé la rencontre entre le Bagpiper et la fillette pour les 50 ans du débarquement en 1994.

  • OFFICIERS PERDUS est un roman ; Les lieux, dates, et noms sont donc différents, bien sûr !




Officiers Perdus T2 Rebond en Patagonie Chapitre VI Le Bagpiper


Situé à quatorze kilomètres de Ste Mère l’Église, à la jonction de deux routes menant l’une à Saint Lô, l’autre à Bayeux et Caen, Carentan avait la position stratégique du contrôle du Cotentin et de Cherbourg, son port en eaux profondes. Il tenait plus du gros village que de la petite ville. Pour le moment, il semblait plutôt épargné par la guerre, maisons et immeubles debout et intacts.


Prendre Carentan, telle était la mission de la 101ème Airborne et il allait falloir l’arracher à la 17ème Division SS Panzer Grenadier aidée par quelques bataillons dont des paras allemands, leur avait-on dit. Pour le moment les éléments blindés de celle-ci n’étant pas encore sur place, il leur fallait prendre la position et tenir jusqu’à ce que leurs blindés de la 4th US Division arrivent.

.

Les combats avaient commencé et ils approchaient maintenant de la lisière du village où se tenait une ferme. Celle-ci venait manifestement de recevoir des tirs, son toit éventré en témoignait. Les combats avaient fait rage et, sur le parvis d’une porte, se tenait une petite fille toute seule apparemment.

Le 502ème PIR était au contact, les Allemands retranchés juste derrière, la fillette entre les deux.

Dès que les Américains avançaient, les tirs reprenaient, et la fillette hurlait. Fitzgerald ordonna le cessez-le-feu et s’approcha pour mieux comprendre :

— Où en est-on, Peyo ?

— Un bataillon SS est en fuite, apparemment assez désorganisé, ils sont retranchés juste derrière, la petite fille semble la seule survivante. On voit les corps de ses parents ici et là. Dès qu’on bouge, les tirs reprennent et cela va finir mal pour elle !

— Il nous faut avancer, je vais envoyer une section faire le tour vers la droite et une autre sur la gauche.


Une heure s’écoula sans progrès significatif, les SS paraissant indélogeables sauf à passer par la ferme ! Une unité britannique arrivait juste derrière eux. C’étaient des Ecossais de la célèbre Black Watch, la garde personnelle du Duc d’Edimbourg. Ils étaient vêtus d’un simple treillis militaire et non de leur splendide uniforme de parade, kilt et bonnet d’ours à poils noirs.




Leur chef, un capitaine s’approcha de Fitzgerald :

— Qu’est ce qui se passe ?

— On est bloqués, on ne peut pas passer par les côtés et si on avance la gamine sera tuée !

L’écossais paraissait songeur puis appela :

— Bagpiper !

Un grand gaillard approcha. C’était une force de la nature, une véritable armoire à glaces.


Grand et barbu, il portait sa cornemuse en bandoulière dans son dos en plus de son paquetage. Le colosse avait un visage très souriant dont les yeux respiraient la bonté.

— Il faut aller chercher la petite fille !

Le Bagpiper répéta l’ordre pour montrer qu’il l’avait bien compris.

— Il faut aller chercher la petite fille.

— Pas d’armes !

— Pas d’armes.

— Juste la cornemuse !

— Juste la cornemuse.

— Tu joues de la cornemuse !

— Je joue de la cornemuse.

— Tu pars chercher la petite fille en jouant de la cornemuse. !

— Je pars chercher la petite fille en jouant de la cornemuse.

— Tu l’attrapes dans tes bras et tu reviens avec elle !

— Je l’attrape dans mes bras et je reviens avec elle.

— Tu ne t’arrêtes pas de jouer de la cornemuse !

— Je ne m’arrête pas de jouer de la cornemuse.

— Compris ?

— Compris.

— Vas-y !

— J’y vais.

Le Bagpiper se débarrassa de ses armes, puis de son paquetage. Il enleva son casque et mit son calot à carreaux blancs et rouges. Faisant passer sa cornemuse de son dos vers son ventre, il commença à jouer l’hymne écossais. Pour le moment immobile et à l’abri, il ne risquait encore rien.

Il passa d’abord à découvert puis commença à marcher lentement vers la petite fille.

Ce qui frappa le plus Peyo, Bertrand, et tous les autres fut le silence. On n’entendait simplement plus rien d’autre, les tirs avaient cessé, mais pas seulement, ni les hommes ni les machines, on n’entendait plus rien d’autre, que le son déchirant de la cornemuse.

Le Bagpiper continuait à marcher, tout en jouant de sa cornemuse, vers la petite et tout le monde retenait son souffle. Les SS n’avaient pas tiré. Tireraient-ils ?







Officiers Perdus T2 Rebond en Patagonie Chapitre XVII Waffenbrüder


Juan fit les présentations et quand il mentionna que les trois Français étaient de anciens parachutistes, en Indochine et en Algérie, l’œil de Kurt s’alluma accompagné d’un bon sourire.

— Ach so ! Parachutistes ? Moi aussi, ja, mais plus tôt que vous en Normandie en 1944, ja !

Peyo fit un bond de son fauteuil !

— En Normandie j’y étais aussi ! Tu étais où ?

— 6ème Fallschirmjäger, chasseur parachutiste, initialement Luftwaffe, puis 91ème Division d’Infanterie de la Wehrmacht, mais ces jours-là on nous avait mis en renfort de la 17ème Panzer Grenadier de la SS, pas un bon souvenir, pas un bon souvenir du tout, nein ! À Carentan !

— À Carentan ? Ce n’est pas possible ! J’y étais aussi 505ème PIR, 101ème US Airborne.

— Le 10 juin 1944 ?

— Oui !

— La ferme ? La petite fille ? Le joueur de cornemuse ?

— Oui, oui et oui !

— Mais alors, Waffenbrüder ?

— Frère d’armes ! Oui !

Peyo et Kurt étaient maintenant debout, l’un face à l’autre, stupéfaits. Pour l’un comme pour l’autre, c’était la première rencontre avec un acteur de cette fameuse journée, il y avait eu tant d’émotions et ils auraient tant de choses à se raconter et peut-être comprendraient-ils enfin ? Ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre se donnant de vigoureuses tapes dans le dos. Mendiburu, qui avait entendu l’histoire à Fresnes les rejoignit !

Juan et Sergio-Jean ne la connaissaient pas, mais se réjouissaient du courant qui venait de passer entre Peyo et Kurt, ce qui ne pouvait que faciliter les choses.

— C’était la guerre, ja ! Une situation horrible. Une petite fille, seule survivante dans une ferme ! Horrible, nous reculions déjà, alors il fallait tenir la ferme, ne pas la lâcher. Mais pour cela, il fallait tuer la fillette. Personne ne voulait le faire. Les SS ne voulaient pas et nous, encore moins. Déjà nous, dans la Wehrmacht, on n’aimait pas les SS. Pourquoi une deuxième armée ? Et puis leurs méthodes ! Enfin là, c’était différent les SS ne voulaient pas tirer non plus. Leur lieutenant avait ses chefs à la radio, on a compris qu’ils lui donnaient l’ordre de tirer mais qu’il refusait de transmettre et il a conclu en disant : « Vous n’aurez pas le temps de me fusiller, je serai mort avant ! ». Et là, le joueur de Cornemuse est arrivé et il a sauvé la petite fille, c’était beau, ja, au milieu de cette horreur !



Officiers Perdus T2 Rebond en Patagonie Chapitre III L’œil


— Moi j’ai connu une fillette qui était condamnée à mort et sur le point de mourir. Les bourreaux étaient même là.

— Une fillette condamnée à mort ?

— Oui, en temps de guerre, là où se rencontrent des choses invraisemblables.

Mendiburu comme Peyo avait combattu pour la France dans trois guerres, la Deuxième Guerre mondiale en France, puis l’Indochine et enfin l’Algérie. Il voulait savoir laquelle.

— Et où ça ?

— En Normandie après le débarquement, à Carentan.

Le temps de promenade touchait à sa fin mais Mendiburu voulait savoir.

— Elle s’en est sortie ?

— Oui au moment où elle avait été oubliée de tous, Dieu, lui, ne l’a pas oubliée et il lui a envoyé un ange !


Peyo livre ici une vision très chrétienne mais comment expliquer que ni du côté américain ni du côté allemand, personne n’ait tiré !


D’une part, on peut aisément admettre qu’à titre personnel aucun soldat quel qu’il soit n’ait envie de tirer sur une petite fille désarmée ! Ne serait-ce que pour des raisons morales !


Mais ce que vous verrez dans le livre c’est que les paras américains n’ont pas reçu l’ordre de tirer, les paras allemands non plus, mais les SS oui ! Et que se passe-t-il ?


Leur lieutenant avait ses chefs à la radio, on a compris qu’ils lui donnaient l’ordre de tirer mais qu’il refusait de transmettre et il a conclu en disant : « Vous n’aurez pas le temps de me fusiller, je serai mort avant ! ».


On a donc un lieutenant SS qui refuse d’exécuter un ordre, phénomène très rare dans l’armée ! Pourtant ce cas de figure, le devoir de désobéissance, existe bel et bien. On a toujours su qu’on pouvait refuser d’exécuter un ordre inique comme d’envoyer des soldats à une mort certaine pour rien, mais surtout après la deuxième guerre mondiale, on a cherché à définir l’ordre inique ! Car s’il est clair que ceci relève avant tout de la morale, tout le monde n’a pas la même morale !


Le Bulletin officiel des Armées N°45 de décembre 2005 donne à tout militaire l'ordre de désobéir si les ordres qu'il reçoit sont jugés contraires à l'éthique. Dans ce cas, il doit aussitôt faire remonter les motifs de sa désobéissance vers les trois plus hauts échelons de sa hiérarchie militaire.


Reste donc maintenant à définir l’éthique ! Mais je pense que tout soldat a un cœur. Et même dans la terrible SS !


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Retrouvez toute l'histoire à travers la saga Officiers Perdus :







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